dimanche 2 mars 2014

LE RUISSEAU DE TOUS LES TEMPS

Ce premier chapitre, conçu avec l’étroite collaboration de mon frère et ami Rachid SEBA, est dédié à tous mes amis du Ruisseau.

1ère partie...
L'Institut Pasteur, le Musée des beaux-arts, le Jardin d'essais du Hamma, l'Ecole d'Horticulture, les Chutes du Hamma, le refuge de Cervantès, le Lycée technique, l'aqueduc de l'Oued-Kniss, le stade vélodrome municipal, le square "Coquille", les voûtes cochères ou les fameuses arcades,
les hauteurs du bois des arcades, le quartier du Mont-Fleury, la bibliothèque municipale,
les sœurettes du stade municipal -Lucien Raynaud-, les laboratoires Delalande, le stade du J.U.D.B. Le château seigneurial, le cinéma
Stella ... Bref, autant de chef-d'œuvres qui ont donné au Ruisseau ses lettres de noblesse. Le Ruisseau fut par excellence la ville des arts, de la science, et de la culture.

Ces photos accompagnées d'une interprétation, et agrémentées d'une mélodie musicale pour la partie vidéo, peuvent être soumises à des droits d'auteur.

1.      LE LYCEE TECHNIQUE DU RUISSEAU -I-                  photo prise le 07/12/2013


On aurait dit l’entrée de l’une des grandes écoles françaises (Ecole polytechnique, Ecole militaire de Saint-Cyr). Il portera beaucoup plus tard le nom de Ibn al Haytham en hommage à ce grand astronome et mathématicien arabe.
C’est ici, en ce lieu que les têtes pensantes du Ruisseau se sont forgées leurs premières armes, avant d’accéder aux grandes écoles européennes ou américaines.
vieille mémoire des années 60.



2.      LE LYCEE TECHNIQUE DU RUISSEAU -II-                photo prise le 07/12/2013


On distingue l’œuvre remarquable et raffinée de ce portail qui nous renseigne sur le style vivace de l’époque du début du siècle passé. Un beau monument historique et une grande artère piétonnière de style anglais, que l’on voit généralement dans les faubourgs de Buckingham palace.
Bon nombre de l’élite ruisséenne ont fait l’école technique du Ruisseau, au faîte de son apogée en ces années 60.
vieille mémoire des années 60.

3.      LE LYCEE TECHNIQUE DU RUISSEAU -III-                 photo prise le 07/12/2013


Tout le couronnement décoratif d’un édifice artistique dont le style ingénieux rappelle l’époque grandiose de la Renaissance.
Les grandes têtes d’affiche de l’époque coloniale sont passées par là. Les grands commis de l’Etat lui doivent une fière reconnaissance. Les ruisséens lui doivent, cette fois, une fière chandelle.
vieille mémoire des années 60

4.      LE LYCEE TECHNIQUE DU RUISSEAU -IV-                photo prise le 07/12/2013


Une belle composition architecturale, alliée à un beau parterre ruisséen, qui rappelle les merveilleuses avenues de London Street, où se côtoie tout le charme féérique londonien.
Doté d’un enseignement de haut niveau, il fut en son temps le lycée technique le plus convoité de toute l’Afrique. On y venait de toute l’Afrique du Nord, aussi bien « noire » que « blanche », pour y suivre un cursus de noble qualité.
Il servira également, et à son grand honneur de filtre pour l’admission au concours d’entrée à l’école polytechnique de Beaulieu. Cette dernière, qui se vit retirer à son grand malheur le sacre nobiliaire des grandes écoles, y perdit à jamais son auréole. C’était en 1974.
vieille mémoire des années 60.


5.      L’EX BOULANGERIE MARTINEZ         -I-                     photo prise le 07/12/2013


Elle fait face au stade municipal du Ruisseau et portera beaucoup plus tard l’appellation de « BOULANGERIE TRADITIONNELLE ».
Un étalage diversifié, un style raffiné, des mets appétissants … et un nouvel art de la pâtisserie moderne signés les amis du Ruisseau.
C’était lui, le vieux El-Hadj, qui de son vivant, approvisionnait les quartiers de la Régie, les hauteurs du Mont-Fleury et l’immeuble « les quatorze » de la rue Hélène Boucher. C’est lui, également qui alimentait en sandwichs les supporters des clubs sportifs, venus nombreux en ces samedis et dimanches, jours de match.
vieille mémoire des années 60.

6.      L’EX BOULANGERIE MARTINEZ        -II-                    photo prise le 07/12/2013


Jadis, le vieux El-Hadj Brahimi et ses fils assuraient le service la main à la pâte, et le sourire aux lèvres. Affable et d’une grande générosité, El-Hadj Brahimi fait partie de cette vieille et noble famille algéroise, aux origines turques, dont on en voit très peu de semblable à Alger.
El-Hadj Brahimi nous quitta, au tout début des années 80, laissant derrière lui la suite d’une longue histoire, l’histoire du vieil Alger.
« Un vieux de la vieille » disait-on à propos du vieux El-Hadj Brahimi .
Cette fois, et après plus de près de 46 ans d’oubli, je m’apprête à rendre visite à ces messieurs de bonne compagnie.
vieille mémoire des années 60.

7.      L’EX BOULANGERIE MARTINEZ         -III-                  photo prise le 07/12/2013


Il est 14h30, en ce samedi 7 décembre 2013. Un match oppose deux vieux clubs algérois, l’U.S.M Alger face au N.A. Hussein-Dey. On remarque sur la photo, la parfaite cohésion qui règne entre les supporters des deux clubs.
On aurait dit une scène burlesque propre aux romanichels de la vieille époque, et fréquente dans les belles artères de Picadilly circus.

8.      LE CHÂTEAU SEIGNEURIAL -I-                             photo prise le 07/12/2013


Du haut de son « rocher d’exil », le château seigneurial domine majestueusement le Tout-Ruisseau.
Il apportera au Ruisseau ses lettres de noblesse et sa part de magie. Ce beau monument historique aura pour fidèles compagnons l’honorable siège des ex laboratoires Delalande et le vieil aqueduc de l’Oued-Kniss, dont l’origine vieille de plus de trois siècles remonte à l’ère ottomane.
vieille mémoire des années 60.


9.      LE CHÂTEAU SEIGNEURIAL –II-                              photo prise le 07/12/2013


Mais, sait-on, qu’il demeure et pour toujours le plus beau joyau architectural de toute la « péninsule » ruisséenne ?
Dissimulé derrière les feuillages de la forêt Messoussi et perdu dans la brume, le château seigneurial hantera à jamais les ténèbres ruisséens. On aurait dit le château du Comte de Monte-Cristo qui ressurgit de nouveau, de ses cendres.
vieille mémoire des années 60.

10.      LE CHÂTEAU SEIGNEURIAL –III-                             photo prise le 07/12/2013


Propriété de la famille B… de la rue Ampère, il aura pour locataires, en ce début des années soixante, les Souag et les Derradji. On parlera également de l’un des fils de B… ou « Gui-gui », un « jeune loup »,  séducteur-né de la première heure, qui fut l’un des premiers à avoir séduit le cœur de la belle, très belle Kh…
Une fresque majestueuse, où viennent se greffer cette fois, le charme romantique et la fougue passionnelle des « Hauts de Hurlevent ».
vieille mémoire des années 60.

11.      LE CHÂTEAU SEIGNEURIAL –IV-                               photo prise le 07/12/2013


Un véritable chef-d’œuvre signé « le Ruisseau ». On déplore néanmoins la disparition de ces longues tiges en forme de colonnes, qui ornaient solennellement les deux extrémités du château, et qui s’étendent tout le long de la toiture et se prolongent même jusqu’au ras de l’esplanade.
Si Chateaubriand avait connu cette époque, il aurait certainement fait de ce château sa maison de retraite, pour y finir en paix ses vieux jours et écrire les « Mémoires d’outre-tombe ».
vieille mémoire des années 60.

12.      LE CHÂTEAU SEIGNEURIAL –V-                              photo prise le 07/12/2013


On aurait dit une belle toile peinte de la main d’un maître et qui aurait fait sans doute l’admiration d’Auguste Renoir. On rappelle même que ce dernier s’était rendu, une certaine année à Alger, et au jardin d’essais du Hamma.
L’on regrette toutefois, le passage de ces câbles électriques qui dénaturent, le site et toutes les merveilles de la forêt Messoussi.
Une riche collection composée de vieux ouvrages fut jetée par les nouveaux propriétaires, en cette année 1965, à quelques pas à la sortie du château, sur le petit talus qui se trouve derrière la buvette du J.U.D.B. On y retrouva les fables de la Fontaine « la mort et le bûcheron », « le petit chose » d’Alphonse Daudet, « les aventures de David Copperfield » de  Charles Dickens  ……
Et Hugues Aufray, avec son physique de bohémien, continue toujours de scruter le firmament des étoiles. Cette fois, c’est décidé, il nous entraîne avec ses airs de troubadours vers « là-haut, sur la montagne …. ».
vieille mémoire des années 60.





MES AVENTURES SUR LES ROUTES DU RUISSEAU ...2

13.      L’EX ENSEIGNE DE CAUVIN-YVOSE                  photo prise le 07/12/2013


Une bâtisse, qui dit-on, fut probablement la première à être construite au Ruisseau. Elle fait face à l’ex point d’arrêt du bus de la R.S.T.A qui desservira en ces années 60 le grand Alger.
CAUVIN-YVOSE, avec une particule, deux grands noms de l’aristocratie française , qui se sont fortement développés en France, dans le domaine de la toile, et qui ont longtemps influencé l’industrie du textile, dans la France métropolitaine, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Après l’Angleterre et les Etats-UnisCAUVIN-YVOSE saura en tirer profit des joies et des bienfaits du camping, et en faire bénéficier d’autres.
La guerre est finie. C’est l’époque des congés payés et des grandes retrouvailles. La France  parle pour la première fois, depuis la libération, de camping, de maisons d’auberge, de colonies de vacances, de bivouac en plein air …. La France respire enfin. Le scoutisme renaît de nouveau, avec Daniel Junqua, qui fut à son honneur, le chef de file de l’école de « Baden-Powell » à Alger. La France s’extasie. La France est heureuse pour la première fois.
CAUVIN-YVOSE passera en 1962 aux « mains » du système de l’autogestion, ensuite à celui d’une unité économique de wilaya et connaîtra finalement le triste déclin de la restructuration.
CAUVIN-YVOSE équipera également l’armée, en biens matériels (sacs de couchage, tentes, bâches, rideaux, stores, cordages …) et fournira aide et assistance au Croissant Rouge Algérien. Il participera même, à l’élan de solidarité en portant secours aux sinistrés des inondations de M’sila, en 1963, aux victimes du séisme d’El Asnam en 1980, et aux refugiés sahraouis en 1975.
Outre ce grand magasin commercial installé au …., rue de Lyon et spécialisé dans la vente de matériels de camping (toiles, bâches, prélarts, sacs de couchage, cordages …)
CAUVIN-YVOSE ou les Sts Frères disposent d’une autre antenne implantée, elle aussi au Ruisseau, au niveau même de l’intersection du chemin Vauban, à deux pas de la paroisse, et mitoyenne à l’ex pompe à essence et face à l’ex fontaine à poussoir. Il possède en outre, une autre annexe située au …., bd Marceau à Oran.
Notons que le siège de CAUVIN-YVOSE France eut pour adresse : 5, rue Geoffroy Marie à Paris.
On évoquera pour la circonstance, une autre grande figure du camping, les tout-puissants Vidal, Manégat et Cie spécialisés, mais cette fois, dans la fabrication de bâches, sacs de couchage, cordages … et dont le siège se trouvait au …., bd Joffre à Oran.
études et vieilles recherches.


14.      L’EX SALON DE COIFFURE DE FUENTES -I-          photo prise le 07/12/2013


Ma première visite au Ruisseau a été de me rendre vers le salon de coiffure de Zoubir et Mouloud. C’est ici, en cet endroit que le Tout-Ruisseau aimait retrouver l’éclat du visage, et l’ambiance des vieux jours. De tous les salons de coiffure que compte le Ruisseau, et qui furent au nombre de sept, le salon de coiffure de Mouloud,  demeure celui qui aura mené le pas et enclenché la danse.
vieille mémoire des années 60.

15.      L’EX SALON DE COIFFURE DE FUENTES -II-        photo prise le 07/12/2013


On remarque sur la photo, l’auteur, conversant avec le petit Siad et ses amis, une jeunesse branchée, et prête à toute écoute. Siad, le doyen de l’équipe m’informe que Mouloud n’exerce plus en ce lieu, et qu’il a quitté le Ruisseau  pour s’installer à Chéragas.
Mouloud, qui eut à frictionner la chevelure de Charles Aznavour aura montré à ses semblables que ce dernier, ténor de la chanson française en son temps, est « tombé sous sa coupe » et qu’il « en a eu pour une belle coupe ». On gardera en mémoire l’image de « Gui-Gui ». « Un jeune loup » de la première heure, à ne pas confondre avec le premier, et qui fut, en ces années fin 60, l’idole des jeunes, ou le coiffeur familier des « jeunes loups ». Il quittera le Ruisseau au début de l’année 1972, pour rejoindre le salon de coiffure « le pourquoi pas ? » à  Belcourt. « Gui-Gui » décèdera peu-après, des suites d’une cellulite, et ce après avoir effectué de fréquents séjours dans un hôpital parisien, où il exerça à temps perdu sa vocation de maître coiffeur attitré.
vieille mémoire des années 60.

16.      L’EX SALON DE COIFFURE DE ZOUBIR ET MOULOUD -III-
                                                                                              photo prise le 07/12/2013

Il deviendra, peu-après 62, le salon de coiffure de Zoubir et Mouloud. Il fut également le coin du raffinement et de l’élégance. Mouloud, c’est aussi le « Figaro » de ces messieurs-dames de bonne compagnie.
Cette fois, il portera l’appellation de salon de coiffure « la main d’or ». Un nouveau look où se dessine le culte du beau style. C’est aussi celui d’une nouvelle génération où le mot kitsch rime avec excentricité.
vieille mémoire des années 60.


17.     L’EX BOULANGERIE DE LIGUORI FRERES  -I-      photo prise le 07/12/2013

On y aperçoit sur la photo, l’ex boulangerie de Liguori frères qui passera après l’année 1962,  aux mains de Messoussi.
Scindée en deux tranches, elle sera reconvertie, ces dernières années, en un service self-rapide. Elle jouxte l’ex local du marchand de beignets, un tunisien, qui revêtira, lui aussi, l’étoffe d’une pizzeria. A la droite de celle-ci, le local de l’ex buraliste, qui fait l’angle et qui a pour nom Benchoubane.
vieille mémoire des années 60.

18.      L’EX BOULANGERIE DE LIGUORI FRÈRES    -II-     photo prise le 07/12/2013

Elle domine de face, l’ex local de Benchoubane, le buraliste. C’est ici, à l’intérieur de cette petite maison de presse, que le Ruisseau nostalgique et littéraire se regroupaient pour se remémorer les beaux jours. Il lui sera attribué au début de l’année 1965, l’appellation de « LECTURES POUR TOUS » en l’honneur de l’excellente émission animée par les grandes vedettes de l’époque : Pierre DesgraupesPierre Dumayet et Igor Barrére….
vieille mémoire des années 60.

19.   L’EX BOULANGERIE DE LIGUORI FRERES  -III-    photo prise le 07/12/2013

Derrière la boulangerie Liguori frères, on butte cette fois sur des marches d’escalier qui mènent légèrement plus bas, vers la demeure de Taï-taï. Un jeune homme, dont le père disposait d’une table pour la revente de ses billets de tiercé, à l’intérieur de ce petit café, qui fait face à l’agence de CAUVIN-YVOSE du chemin Vauban. A côté de la demeure des « Taï-taï », le salon de coiffure de Dziri Hamoud.

vieille mémoire des années 60.

20.      LE CINEMA STELLA DU RUISSEAU -I-                    photo prise le 07/12/2013

« Dégagez ! dégagez ! il n’y a rien à voir. C’est le cinéma Stella  qui meure en silence, et qu’on enterre la nuit, loin de toute compassion et des regards attendrissants. »
Ci-gît le cinéma Stella, le hollywood ruisséen, ou la grande passion du siècle. Le Stella , des vieux et des beaux jours, que l’on n’oubliera pas de sitôt. Lui, qui a tant donné tout le long de sa vie, n’aura plus rien à nous redonner cette fois.
Oublié des hommes, des saints et des siens, le Stella  sombra au début de l’année 80 dans l’oubli et la mélancolie. Comme toujours, il est victime de l’ingratitude des hommes. Le  Stella   meurt dans l’indifférence totale.
Jadis, on y entendait au loin, le carillon de 13h00, et celui de 20h00, qui vous invitent à voir ces beaux films (westerns, policiers, aventures, classiques …) ou le plus souvent à vous rincer l’œil, devant les scènes de nu de Brigitte Bardot, de Claudia Cardinale, de Nathalie Wood …
On ne peut mesurer l’engouement qui animait le public ruisséen à l’époque, et que l’on ressentait à l’intérieur de la salle, et la sensation que l’on éprouve également au dehors du cinéma, à travers la vente de bandes dessinées.
On gardera en mémoire  les meilleurs films de Stella  : le bon, le brute, le truandWest Side Storyles quatre garçons dans le ventPelé le roi du foot, le credo de la violenceHelgales tueurs de l’ouest, Je vais, je tire et je reviens, la guerre des monstres… .
Cette clôture en tôle TN40 a pour but de protéger le citoyen contre d’éventuels accidents pouvant survenir et à dissuader également les intrus, contre toute invasion illégale des lieux.
Ce dépôt de suie noire que l’on remarque à la gauche de la photo, et qui recouvre les murs à demi consumés du cinéma Stella  est provoqué, par les flammes d’un incendie dont l’origine serait due à une forte intensité lumineuse d’un court-circuit. On y aperçoit l’immeuble où résidaient les Loubari, les Bahloul, les Oulkhiar et Mr Aggoun, l’ex maire sortant, un vieil ami, dont le frère cadet fut un ex camarade de classe. On y distingue par ailleurs, à la droite de la photo, l’immeuble où résidaient les familles LiassineZaïrHenni
Prions, une dernière pensée pour le  Stella ….
vieille mémoire des années 60.

21.      L’EX PHARMACIE DACHAU DU RUISSEAU –I-      Photo prise le 02/01/2014

Un homme de la trempe des grands de son époque, ce Dachau. Il passera des heures dans son officine du Ruisseau, et quelquefois à l’Institut Pasteur, où il préfère se rendre pour y assister à des colloques, ou tout simplement pour revoir ses pairs. On gardera en mémoire l’image de ce vieux monsieur, le dos légèrement voûté, et la tête toujours coiffée d’un chapeau mou, qu’il prend soin de retirer, à chaque fois qu’il croise une vieille connaissance.
C’est ici, à l’intérieur d’une vieille antichambre que Dachau s’adonnait à la préparation de ses remèdes médicamenteux ou de ses substances laxatives. Quelques livres Codex, soigneusement posés sur un rayonnage, dans un coin sombre, à la droite du comptoir, témoignent des qualités scientifiques de ce grand monsieur.
Toujours aussi noble, cette pharmacie aux goûts austères, dont on en voit peu de modèles de ce genre à Alger. On citera à titre d’exemples, la pharmacie de l’Opéra, laquelle fait face à la brasserie « le Tantonville » (avec un « » provençal), la pharmacie qui fait l’angle de la première arcade de Bab-Azzoun, ou l’ex Square Bresson, et finalement cette autre pharmacie, qui fait face à l’ex brasserie « le coq hardi », située tout près de l’ex chapelier.
Naguère, une inscription « ANALYSES HOMEOPATHIQUES » finement gravée sur un panneau de marbre de couleur bleue mouchetée, et apposée à l’extrémité droite de la façade, laisse entrevoir les caractères nobles de l’époque « des trois glorieuses ».
Aussi croyable que cela puisse paraître, on y respire toujours à l’intérieur de cette pharmacie de maître, le remugle des vieilles années de la médecine de gloire.
L’actuel propriétaire renoue avec le passé, et tente de redorer le  blason des vieux jours, en y apportant une légère touche sublime de l’époque. Cette fois, je m’apprête à quitter l’ex pharmacie Dachau avec un brin de nostalgie dans le cœur.
vieille mémoire des années 60.
Mérite la médaille d’or de l’Institut Pasteur.

On gardera pour mémoire les grands noms des agences, dépôts, représentants et dépositaires spécialisés dans la commercialisation et la distribution des produits pharmaceutiques à travers l’Afrique du Nord et les ex colonies françaises.
M. DESCOMBES       … rue Maréchal Soult   Alger.
R. ASMODE               … rue Vasco de Gama   Alger.
J. PELISSARD et F. ASMODE         … rue Clauzel   Alger.
DOGNY          … rue Richelieu    Alger.
HAMELIN      … ter. rue Burdeau   Alger.
L.BRUNET     … rue Marey   Alger.
OFFICE PHARMACEUTIQUE ALGERIEN          … rue Bourlon   Alger.
M. ANDRE FARJAT  … rue Sadi Carnot   Alger.
M. LEBALLU … bis, rue Eugène Robe   Alger.
M. COMETTA            … rue Zola   Alger.
Ets PHARMACEUTIQUE BOURELY          … bd laferrière   Alger.
PHARMEDY  … rue J.J. Rousseau   Alger.
D.NOTE                     … rue Denfert Rochereau   Alger.
E. PINAUD                … rue avenue Pasteur   Alger.
PIQUERY et REY      … rue de Constantine   Alger.
COOPERATION PHARMACEUTIQUE FRANÇAISE … rue de Lyon   Alger.
CEZILLY et BOURELY         … bd laferrière   Alger.
TOPPIN-BICHON     … rue de Bercy   Alger.
Société NESTLÉ         … rue Charras   Alger.
COOPER PHARMACEUTIQUE FRANÇAISE      … rue de Lyon   Alger.
Ets DESNOS   … rue Roland-de-Bussy    Alger.
FUNEL frères … rue de Tanger     Alger.


22.      LES EX FORGES GARCIA DU RUISSEAU –I-             photo prise le 02/01/2014


Sur le fronton de l’atelier, une inscription « FORGES GARCIA » merveilleusement sculptée au marteau et au burin, réapparaît timidement comme pour nous dire « mes enfants, je suis toujours là, pour vous raconter l’histoire des Garcia ».
Elle, qui conserve toujours l’esthétique et la grâce de l’époque, n’y croit plus en des jours meilleurs.
On voit sur la photo la porte des FORGES GARCIA légèrement cachée par la présence d’une camionnette des fruits et légumes du marché du Revoil.
Les Garcia, un beau roman, une belle histoire …… à raconter pour nos petits-enfants.

23.      LES EX FORGES GARCIA DE LA RUE DU REVOIL -II- 
                                                                                            photo prise le 02/01/2014

La fumée noire qui vous crache au visage. L’odeur du soufre qui vous pique le nez. Le feu de braise qu’on ranime à chaque coup de soufflet. Le grincement de la poulie, qui se fait entendre au loin. La masse qui va et vient, qui monte et qui redescend fortement. Le bruit assourdissant et lugubre de la presse qui s’abat lourdement sur la lourde pièce métallique. Le fer plat qu’on écrase et qu’on étire à coup de massette, jusqu’à l’aplatir. Oui, ce sont les Garcia, qui n’arrêtent pas de travailler jour et nuit.
« Ici, repose le fruit du dur labeur du vieux Garcia, lui, qui a donné le meilleur de lui-même à ses enfants, aussi longtemps que ses jambes l’ont supporté ».
raconté par les vieux du Ruisseau.

24.      L’EX FORGES GARCIA DE LA RUE DU REVOIL -III-   
                                                                                          photo prise le 07/12/2013

Le visage buriné par la douleur et rougi par les flammes. La moustache hérissée en broussailles ou retroussée quelquefois vers le haut. Les mains rugueuses et noircies par le feu. Le corps bombé à demi recouvert d’un tablier en cuir crasseux. Ce sont les Garcia qui s’acharnent comme toujours à battre le fer pendant qu’il est chaud. Ils disent qu’ils ont un compte à régler avec le métal.
raconté par les vieux du Ruisseau.